QUAND LE TEMPS PASSE
Quand le temps passe,
On préfère ne pas le regarder
On aime se mentir
Et croire que le temps s’est arrêté
Arrêté dans l’une des courbes de nos nombreux désirs
Au carrefour de nos amours passés
À l’époque des passions, des coups de foudre
Ceux qui font chavirer la raison
Le temps nous fait croire qu’il s’arrête dans nos cœurs
Y laissant l’illusion que nos enfants seront toujours des bébés
Mais c’est un leurre, car le temps file
Lentement, mais il file tout le temps
Alors que tout se déboussole
Le temps, lui, garde le contrôle
Il est patient
Il en a vu d’autres
Et quand on regarde dans le rétroviseur de nos vies
On trouve parfois étrange le chemin
Que le passage du temps nous aura défriché
On voit les bons et les moins bons coups
Les détours et les raccourcis
Et les traces de nos pas
Laissées telles des herbes pliées sur le sentier parcouru
On pense à ce que l’on aurait pu être
Ce que l’on aurait pu faire
Et on se console
En se disant qu’après tout
On a fait de notre mieux
La magie du temps
C’est que les autres le voient
Mais pas nous
En cela il est comme l’amour
Il rend aveugle
Le temps, il est aussi comme la beauté
Il est difficile d’approche
Impossible à saisir
Libre comme l’air
Tandis que la beauté rend instantanément fou
Celui ou celle qui la regarde
Le temps est plus sournois
Il rend fou lentement
Le temps ne nous appartient pas
Il appartient aux autres
En cadeau il nous offre le miroir de la vie
Qui reflète une fausse image de qui on est
Car le temps est aussi bon menteur qu’il peut être franc
Il reste qu’en bordure du rétroviseur de nos vies
Le temps crée une fenêtre sur les jours qui viennent
Devant nous, une route qui s’ouvre
Où va-t-elle?
Seul le temps pourra le dire.