Les Sproutes

Les Sproutes étaient jusqu’à tout récemment le plus beau secret du règne animal. Ce sont des créatures intelligentes, qui habitent dans des falaises pratiquement inaccessibles aux humains. Ils vivent au sein d’un monde minuscule qui ressemble étrangement au nôtre.

Cependant, depuis quelques années, leur situation a changée. En effet, les biologistes Labolle et Servelle ont levé le voile sur plus de 777 nouvelles espèces lors d’une expédition menée au Québec en 2013 entre Wabush, Terre-Neuve et l’île d’Anticosti. Dans le texte, on référera à cette région lorsqu’il sera question du triangle de Wabush.

La majorité de ces animaux fait partie de l’embranchement des arthropodes, telle que défini par Linné, le père de la nomenclature moderne. Cependant, parmi elles, se trouvaient quelque chose d’absolument inusité soit la présence de trois spécimens de sprouteus anatinus orangeus, une espèce qui a été classée parmi les monotrèmes et que les chercheurs ont affectueusement baptisé ‘Le Sproute’. Cet être mystérieux a également été affublé du nom commun de ‘Drôme des falaises’.

Le fait qu’ils ne mesurent qu’un millimètre et vivent sur de microscopiques îlots éloignés de la civilisation rend leur étude problématique.

Description

Tout Sproute qui a de l’estime de sa personne, ils en ont tous, est caractérisé par un long nez cylindrique de couleur jaune serin. Son odorat est remarquable, pouvant différencier jusqu’à 22,222 sensations olfactives. Cette faculté lui permet de déceler des arômes à de très grandes distances. Fait réel ou ragot, on rapporte à titre d’exemple que le parfum d’une fleur qui éclot située à plus de 22 km peut chatouiller si intensément leurs muqueuses nasales qu’il peut s’évanouir.

Les oreilles sont internes et une plaque d’écailles à l’arrière du cou lui sert de carapace. Cette cuirasse le protège surtout de la foudre en agissant comme un trampoline à éclairs. En effet, lorsqu’une de ces décharges frappe un Sproute, elle est automatiquement redirigée vers un accumulateur d’énergie appelée tour à sproutonium comme on en voit dans toutes les constructions *sproutiennes. Notre ami ne ressentira aucun malaise suite à ces déviations de courant si ce n’est qu’il apparaitra parfois, lorsque les décharges atteignent plus de 20,000 volts un poil de plus dans son formidable toupet. Mais encore faut-il que le ciel soit rosé et qu’il y ait de la rosée dans l’air pour que ce miracle se produise. Quand on sait que chaque poil du toupet confère de grands avantages à son hôte on comprend mieux l’exubérance des fêtes qui sont organisées lorsque de tels phénomènes se produisent.

Un manteau de fourrure dense coupant le froid habille nos protégés. Chaque poil de cette toison pousse tout au long de la durée de vie du Sproute. Il doit être bien entretenue, lavé régulièrement et peigné avec grand soin. Lorsqu’il devient trop long, il est coupé et on le récupère pour s’en servir comme matériau pour le tissage, le tricot, pour faire des pinceaux ou à de multiples autres fins. C’est de là que prend racine le dicton ‘Reprendre du poil de la bête’.

Selon les saisons la fourrure est plus ou moins fournie. Le cycle de vie d’un poil est de 222 jours, suite à quoi il se laisse tomber pour laisser place à un autre plus fringant. Nous devons préciser que chez les Drômes, les poils ne frisent jamais à Outrance, ni ailleurs d’ailleurs.

Il y a aussi ce toupet jaune caractéristique qui protège les Drômes des falaises contre les insolations. Cette superbe touffe de cheveux flamboyante, s’élance majestueusement vers le ciel. Elle est composée de 222 poils doux et lustrés. Réalité ou sornette, on chuchote entre les branches que Tintin lors d’une de ses nombreuses investigations aurait déjà vu un Sproute et qu’il aurait piqué sa houpette.

Revenons à la description de cette ravissante mèche de poils. Dessinée toute en courbes gracieuses, elle a comme particularité unique de pouvoir accueillir un curieux locataire, le Tchôurô, qui y voit là un nid douillet, tout confort et sans mensualité à payer. Il se sert donc de cette pilosité soyeuse pour venir y coucher son corps chaud dans le but de se reposer tout en écorniflant les environs.

Chez notre bipède, les pieds et les mains ressemblent à ceux des humains. Le pouce est opposable et on compte 9 doigts et 9 orteils avec des ongles et non des griffes.

Vers la centième année de la croissance de nos amies, une troisième main pousse au bout de leur queue portant alors à quatorze le nombre de leurs doigts. On dit de cette main préhensile qu’elle a été développée pour que la Sproute se gratte le dos.

Dans le quotidien cependant elle est plus fréquemment utilisée pour ôter la mousse qui pousse dans son ombilic et qui nuit à sa qualité de vie.

Quant à la queue, elle est rétractile et peut s’allonger de plusieurs microns. Très rigide, elle lui sert  pour se suspendre la tête en bas. Elle est aussi utilisée comme un appui pour se reposer.

Les représentants de l’espèce sont d’une longueur habituelle de 1 millimètre et d’un poids approximatif de 1 milligramme et il est extrêmement difficile de les observer en milieu naturel. Au sein de la colonie, les individus sont tous sur un pied d’égalité.

C’est le seul monotrème connu qui a des dents et dont la durée de vie est estimée à environ 200 ans.

Les Sproutes sont herbivores et se nourrissent principalement de *claziés, *scrudules et de *tartampions. Leur boisson préférée est l’*hydromelûs.

Très agiles malgré leur apparence, ces êtres savent nager, bondir et planer dans les airs.

Environnement

Mode de vie

Les Sproutes forment une société différente à bien des points de vue. Comme il a déjà été mentionné, chaque individu vit 222 ans 222 jours 22 heures 22 minutes 22 secondes et au terme de sa longue existence, il devra avoir occupé huit fonction sociales dont chacune se déroule durant une année complète. L’ordre dans lequel ces postes sont occupées est invariable et à chaque fois qu’un rôle a été joué le Sproute change de coloration. Un chapitre complet de ce livre explique en détail cette structure sociologique complexe qui est unique en son genre.

La notion de propriété privée n’existe tout simplement pas et tous les membres œuvrent pour la communauté. Ce mode de vie comporte plusieurs avantages dont le choix de travailler où et quand il leur plaît et de faire plus ou moins ce qu’ils veulent durant leur journée. Plusieurs de leurs bâtiments sont communautaires et ils seront décrits en détails un peu plus loin dans ce texte.

Leur société est non-sexiste et il n’y a pas de rapports de domination d’un sexe sur l’autre, en particulier des hommes sur les femmes. En fait, les Sproutes sont  hermaphrodites et sont porteurs des 2 sexes. Ils sont polygames et en ce qui a trait à l’éducation des enfants, elle est la responsabilité de tous les individus du clan. Les enfants ne connaissent ni leur père ni leur mère véritables.

Les Sproutes vivent dans l’harmonie universelle. Il n’y a ni politicien, ni criminel, ni exploiteur de toutes sortes dans leur collectivité. Leur monde est le lieu d’une vie communautaire au sein duquel tous les individus évoluent en paix. Leur civilisation constitue un véritable joyau dans l’évolution. Pour eux, l’utopie est réalisable car le monde de la pensée est aussi tangible que du concret. C’est pourquoi on peut parfois les surprendre à dresser des nuages, à tenir des conversations avec des cailloux, à masser le vent ou à faire des choses qui nous paraissent impossibles.

Les Drômes sont également des êtres émotifs, affables et souriants. Ce sont des rigolos qui ont le sens de l’humour et qui aiment à s’amuser. Ils adorent pratiquer des sports d’équipe, faire des activités de cirque ainsi que du yoga. Leur nez très puissant pouvant soutenir leur poids et leur agilité proverbiale en font de redoutables athlètes. Ils savent nager et planer dans les airs.

Les individus sont *grégaires et on peut les rencontrer lors de concerts, de lectures ou de tout autre type d’activités. Ils se rassemblent aussi occasionnellement pour des danses et des chants. Une activité particulière qui leur est chère est la cueillette de champignons. Ils vont régulièrement en excursion dans le but de les rechercher. Ils ont appris le langage de plusieurs espèces de fungis et imitent leurs cris de ralliement. À l’écoute de ces sons, les champignons se mettent à suinter allégrement. Grâce à leur super nez, les adultes pourront découvrir et même identifier une talle située à des centaines de kilomètres d’eux.

Au cours de leur évolution, les Sproutes développent des facultés suprasensibles. Ils activent des organes de perception et peuvent faire des miracles à la façon des druides. Ces sens leur permettent de percevoir des impressions invisibles chez le commun des mortels. C’est une forme de clairvoyance qui était instinctive chez plusieurs humains au Moyen Âge. D’ailleurs, lorsqu’ils prennent leur tasse de tisane de *barbapunk, leur faculté de clairvoyance s’intensifie.

Les Sproutes savent se téléporter, communiquer par télépathie, léviter et faire des trucs *ésproutouflants. Vérité vraie ou niaiserie on dit que certains fakirs du Moyen-Orient qui voyageaient sur des tapis magiques ont parfois frappés des Sproutes qui lévitaient mais ils pensaient que c’étaient des mouches. C’est pour cela que dans les contes des Mille et Une Nuits, on ne parle jamais des Sproutes.

Ce sont des herbivores dont le menu se compose de feuilles, de fruits, de légumineuses, de champignons, d’herbes et de racines.

Organisation sociale

L’architecture a une importance capitale chez les Drômes des falaises puisqu’elle tient compte du stade de développement de chaque personne. Les couleurs, les formes et la fonction de chacune des constructions est significative comme on le verra dans les prochaines illustrations.

Plusieurs des constructions intègrent des dômes géodésiques, des panneaux solaires, des *sproutoscopes, des pompes géothermiques et une quantité d’autres éléments utilisant des énergies intersidérales et renouvelables. Dans tous les cas, l’empreinte écologique est aussi nulle que le vide cosmique. Chaque construction suit la règle établie par les savants qui dicte que la racine de 2222+0 à la puissance 22  égale 0 divisé par l’intégrale de l’infini au cube additionné des sinus de la constante de Blôûrk.

Les matériaux utilisés sont diversifiés. Pour la construction et les revêtements muraux on emploie de la cellulose de plantes, surtout du soya ainsi que du mycélium de champignon. Pour l’isolation on prend du poil de Sproute. Pour rembourrer les meubles, les plumes d’Aûtrûchos sont la norme. L’huile de Blôûrk, sert de teinture naturelle pour le mobilier et les murs. Bref, une panoplie de produits naturels fait partie de l’équation. Mais une particularité tout à fait unique des constructions est le fait qu’elles sont vivantes et changent de forme au fil du temps qui passe.

La majorité des toits sont en végétaux et contribuent à un meilleur contrôle de la température. Toutes les plantes de l’environnement immédiat sont alimentaires ou médicinales. On remarque souvent des pierres à la base des bâtiments qui absorbent les vibrations des tremblements de terre. D’autres structures régulièrement présentes sont main sculptée qu’on nomme ‘Le salut aux extraterrestres’.

Les vaqueurs habitent en communauté dans des édifices qui peuvent loger plusieurs individus. Ils peuvent aussi vivre en solitaire et occuper de petites maisons réparties ça et là sur le sol ou à même les falaises.

Sur les édifices de plus grande stature, on retrouve trois formes rectangulaires courbés de type gratte-ciel. Elles s’élèvent généralement très haut dans les airs et sont constitués de sproutonium, un métal qui joue le rôle d’accumulateur énergétique.

L’eau de pluie est recueillie et emmagasinée dans des cuves souterraines et la rosée est également récoltée par des capteurs car on lui attribue des vertus spéciales car elle n’est imprégnée d’aucune force tellurique.

Comme il a été mentionné dans un chapitre précédent, les Sproutes accèdent à un moment donné de leur parcours, aux différents rôles qui forment la structure de leur organisation sociale complexe. Le Drôme des falaises change huit fois de morphologie et de couleur entre sa naissance et sa transmutation. L’ordre dans lequel ces transformations se manifestent est invariable et ces métamorphoses s’accompagnent d’une modification dans le statut de l’individu. En adoptant sa nouvelle apparence physique, il devient responsable au sein de sa communauté d’une fonction précise associée à un bâtiment particulier.

Ce phénomène de changement d’état en vieillissant est connu dans le monde animal. On parle en effet de polythéisme et les abeilles vivent une situation analogue ou les sujets évoluent et changent de rôle selon leur âge.

Comme on le sait, les individus sont de couleur orangée la majeure partie de leur existence.

Durant cette phase, ils sont appelés des vaqueurs et ils ne font aucune différence entre le travail et les loisirs. Ils s’activent donc à leurs occupations au gré de leurs humeurs. Les vaqueurs sont tous sur un pied d’égalité, ce qui signifie qu’il n’y a personne qui domine au sein de la communauté.

Panier

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