Raoûl Lûoar Duguay est un phénomène dans le domaine de la créativité. Poésie, théâtre, littérature, peinture, il est, le moins que l’on puisse dire, multidisciplinaire. C’est par un heureux hasard, si hasard il y a, que j’ai su qu’il tenait un vernissage de ses tableaux à Cowansville alors que je passais justement par là. Qui plus est, il expose en duo avec feu Henri Desclez, un bédéiste réputé, co-rédacteur de revues spécialisées telles Spirou, Tintin et créateur ayant accompli tellement de trucs qu’il m’est difficile de tout résumer ici. Bref, un duo talentueux que je ne voulais pas manquer.
Ayoye! Quelle exposition! Je suis quand même familier avec les artistes visuels puisque j’en ai interviewé plusieurs du temps où j’écrivais dans le défunt Magazin’Art. Duguay est une planète à lui seul et je découvre ici son talent de peintre qui sort des sentiers battus. Desclez, quant à lui, est un vrai pro du pinceau et un coloriste de haut niveau. Je classifierais ces pièces de mandalas hyper travaillées et super harmonieuses. Des éloges à la créativité.
Malheureusement, le milieu de l’art officiel (avec un grand A) n’a rien à foutre de toute cette beauté que nous offre de tels artistes qui mettent leur cœur à l’ouvrage et qui peignent pour le plaisir des yeux. Ce qui compte aujourd’hui, c’est le cash. La laideur est à l’honneur pour la pieuvre de la finance et le marché de l’art est l’une de ses tentacules. À bas l’académisme, le réalisme, à bas le travail bien fait. Mais, le monde de l’art n’est en fait que le reflet de notre société. Il est à l’image de nos charmants villages qu’on défigure en y plantant d’affreux condos carrés plein de portes sans âmes pour faire entrer un maximum de bidous, comme si on avait besoin de gros crachats dans nos assiettes.
Une maxime dit que la beauté est relative, qu’elle est dans l’œil de celui ou de celle qui regarde. Moi je dirai plutôt que la beauté est universelle. Y’a pas grand monde qui s’extasie devant des étrons laqués ou des cadavres que l’on subventionne allégrement, car c’est à chier ! De soi-disant artistes, payés ceux et celles-là, qui exposent en tentant de nous faire comprendre leur approche sous une avalanche de mots insipides.
Pour la majorité d’entre nous, la beauté, c’est un arbre centenaire dont les branches s’enlacent comme des amoureux, c’est une femme aux cheveux roux qui ondulent au vent pour chatouiller le soleil, c’est un homme aux yeux profonds comme la mer et aux mains douces comme des rivières. Oui la beauté est universelle et un beau tableau est universellement reconnu comme tel. « Je peins pour le plaisir des yeux » répétait Jean-Paul Ladouceur…et j’ajouterai pour le plaisir des âmes et du cœur.
Mais je reviens à cette magnifique expo intitulée « Fleurir à tout prix » que je vous laisse découvrir par vous-même en visitant le site de Raoûl Lûoar. Le processus de cocréation entre ces 2 êtres inspirés est également, à ce que je sache, unique en son genre puisque chacun d’eux peignait la moitié de chacune des pièces. Duguay était le pointilliste et, selon ses propres dires, seul le contrôle de sa respiration par ses années de yoga lui aura permis de réaliser ce boulot magistral qui nécessite une grande concentration. Quant à Desclez, son coup de patte de bédéiste, sa formation en arts et son expérience transcendent les œuvres. C’est une symphonie pour les yeux. Je vous invite à admirer ces chefs-d’œuvre en suivant ce lien… https://fleurir.raoulduguay.net/
Note À chaque fois que je vais dans un bureau de professionnels au Québec (dentiste, avocat, banquiers, comptable), je suis presque immanquablement attristé par les horreurs affichés sur leurs murs, la plupart du temps des reproductions tchipettes. Il y a un travail d’éducation à faire à ce niveau, mais je garde espoir. En effet, il arrive une fois sur cinq cents, que je me retrouve dans une salle d’attente d’un connaisseur d’art. Cette exception à la règle ne réussit cependant pas à me nourrir. Mesdames et messieurs Des Caisses, Des Banques, et Des Finances, un Duguay-Desclez dans vos bureaux aux couleurs de grisaille, comme un témoignage à la beauté du monde, me semble que ça nous ferait du bien.
https://fleurir.raoulduguay.net/
